balade

Belle année 2023 qui naît en ces jours

La sobriété du titre n’en cache pas moins la profondeur, si l’on perçoit la portée de ce que peut ou doit être une belle année, à tous les niveaux, personnels et collectifs. Nous sommes des êtres fragiles, mais nous avons d’immenses désirs et de belles capacités à en réaliser au moins quelques uns, tant dans nos vies personnelles que professionnelles, et le plus souvent en coopération. Prenons donc soin les uns des autres, cessons le “commerce des conflits”, et n’oublions pas d’aimer ! Le reste en sera facilité…
Juste un critère qui pourrait faire sens, selon le mot récent de Bernard Devert (Habitat & Humanisme) : “Enoncer, plutôt que dénoncer…”.
Donc : témoigner de ce qui est bon et beau plus que de sans cesse décrire le mal et le laid…
Ou encore : toujours chercher et proposer des solutions aux maux visibles de notre temps…
Vaste programme, toujours à l’oeuvre si l’on suit l’Esprit.

Gardons la paix, n’oublions pas la justice,

MV


2022. Vous avez dit « monde d’après » ?

(les textes en italique sont extraits de “Un temps pour changer”, du pape François).

Ce que la pandémie nous a appris, c’est notre vulnérabilité, détruisant le mythe de l’autosuffisance qui nous a tourné la tête. Le confinement a fait émerger des sentiments fraternels qui ont renforcé des liens.

Ainsi, je veux croire que « le monde d’après » dont on a tant parlé depuis deux ans, sera fait de personnes qui auront commencé à comprendre ce que veut dire « accepter de dépendre », rompant avec l’individualisme qui marque nos vies. Nous pouvons sortir meilleurs de cette crise, plus ancrés dans le réel, en choisissant mieux ce qui compte pour tous.

Mais il y a mille autres crises, toutes aussi terribles, certes qui ne nous touchent pas directement. Regarde par exemple ce que les nations dépensent en armes : cela te glacera le sang. Considère aussi qu’il est inimaginable qu’autant de femmes et d’enfants soient encore exploités pour le pouvoir, le plaisir ou le profit.

Ainsi, dans la série des transitions indispensables (écologique, énergétique) pour franchir « ce nouveau monde », n’aurait-on pas oublié la transition financière ? L’illusion des puissances de l’argent mène certains hommes à la folie, et rend esclaves bien d’autres, rappelant cette mise en garde de Jésus : « on ne peut pas servir deux maîtres, Dieu et l’argent ».

Les défis humains, économiques, sociaux et écologiques sont vraiment les différents visages d’une même crise. Se pourrait-il que le fait de remplacer l’objectif de croissance et de profit par celui de nouvelles formes de relations ouvre à un autre type de système économique, qui réponde aux besoins de tous dans les limites des moyens dont notre planète dispose ? Une économie plus maternelle qui soutient, protège et régénère, au lieu seulement de réglementer et d’arbitrer ? De telles idées, longtemps rejetées comme idéalistes ou irréalistes, semblent maintenant visionnaires et pertinentes !

Nous devons repenser l’économie pour qu’elle puisse offrir à chaque personne l’accès à une existence digne tout en protégeant et régénérant la nature. Nous avons besoin d’institutions sociales fortes, défendant les biens communs essentiels et intégrant les plus petits. Sans cela, l’État est impuissant et la société n’est plus qu’un marché où certains font du commerce tandis que les plus pauvres souffrent.

Ɲ

Chaque fois que des idéologies prétendent remplacer la perception ou la connaissance intime et intuitive que nous avons du réel, du vrai, du beau, du bien, des êtres humains souffrent, le monde souffre.

Chaque fois que l’argent passe avant toute autre chose ou tout bien, des êtres humains souffrent, le monde s’abime.

Chaque fois que la tentation grandit de voir l’autre comme étranger ou ennemi et de lui dénier sa dignité réelle, l’humanité régresse.

Ce genre d’enfermement ou de refus coupe rapidement des autres, accentue le délitement des liens d’appartenance au sein même des nations, et rend finalement triste, aigri, anxieux.

Ce qui est dommage, voire terrible, quand on s’enferme dans des illusions qui masquent la réalité, c’est qu’on oublie de contempler les beautés qui nous sont données tous les jours et qui nourrissent vraiment notre âme. A force de ne plus les voir, on finirait même par douter de leur existence…

Ɲ

La beauté, signe de Dieu qui déborde d’amour pour nous, est aussi la porte d’entrée de la conscience écologique. Souvent, nous sommes tellement habitués à posséder, et si peu à remercier… Les dégâts causés à la terre découlent aussi de cette perte de conscience de la gratitude.

L’écologie ne se limite pas à prendre soin de la nature : il s’agit dans un même élan de prendre soin les uns des autres, frères et sœurs en humanité.

L’humilité devant Dieu est une clé qui déverrouille la fraternité et la paix sociale.

Tu dois aller aux périphéries de l’existence si tu veux voir le monde tel qu’il est.

Ɲ

Si tu veux réellement aimer, si tu crois profondément que le sens de nos vies se trouve là, alors tu dois d’abord te libérer de ce qui t’empêche de voir ce qui est beau en toi et autour de toi, et d’aimer.

Seul le visage d’un autre peut révéler le meilleur de nous-mêmes ; en servant d’autres personnes, nous nous sauvons ensemble. C’est une compréhension malheureusement absente des récits politiques contemporains, libéraux ou populistes.

Si tu sens que cette libération est difficile, et même parfois trop douloureuse, demande de l’aide, car personne n’a tout seul le discernement complet de sa vie. Écoute, prie et fais confiance. « Sans moi, vous ne pouvez rien faire ! » disait Jésus à ses disciples. Il y a toujours une heure où Il va passer : n’oublie pas d’être là ! Il veut sauver ce qu’il y a de plus beau en toi ; Il veut te sauver et te donner sa joie, mais pas sans ton accord…

Éprouvons-nous le besoin d’être sauvés, ou seulement d’être protégés, reconnus ? Paradoxalement, nous vivons un temps où de plus en plus de personnes, souvent rigides et autoritaires, se présentent comme des sauveurs, à tous les niveaux, parce que nous avons bien des peurs en nous. Certaines sont réelles, d’autres sont murmurées et attisées par ceux qui les exploitent, empruntant au passage des éléments de vocabulaire en rapport avec nos traditions les plus respectueuses pour nous inciter à aller dans leur sens, dans leurs vues étriquées, pour des combats qui ne sont pas les nôtres, en général. Vigilance !

Pourtant, je le sais, et je l’espère aussi : il y a en chacun de nous de belles choses, de nobles désirs, des trésors de créativité aussi, parfois endormis, mais qui ne demandent qu’à pousser, à fleurir, pour ne pas passer à côté de la beauté, de la bonté et de la générosité qui sont les fleurs de la vraie vie !

Ɲ

Il y a un temps pour voir, un temps pour choisir, un temps pour changer, nous dit très justement le pape François.

Un temps où il faut choisir de ne pas laisser enfouis nos talents, de préférer un bien plus universel et durable que nos simples envies qui changent tout le temps. Parce que ce qui a été déposé en nous par le Créateur et souvent mûri par notre travail, peut et doit être partagé pour le bien de tous.

Nous avons besoin de systèmes économiques qui donnent accès à tous aux fruits de ce monde, aux besoins fondamentaux de la vie : la terre, un toit, un travail qui a du sens.

Nous avons besoin de modes de vie plus modérés, de changer notre conception du progrès et de la réussite.

Nous avons besoin d’une politique qui intègre les plus vulnérables au lieu de les rejeter ou de les ignorer. Une bonne politique laisse les pauvres peser dans les décisions qui concernent leur vie.

Nous devons ralentir, faire le point et concevoir de meilleures façons de vivre ensemble sur cette terre, qui pourra se reposer et guérir.

Ɲ

Dieu agit dans la simplicité des cœurs ouverts, dans la patience de ceux qui savent s’arrêter tant qu’ils n’y voient pas clair.

Puisque la fraternité est la destination que le Créateur assigne au cheminement de l’humanité, la voie principale est de reconnaître la dignité de chaque personne humaine, condition préalable à toute protection d’une existence personnelle ou sociale, et condition nécessaire à la réalisation d’une amitié fraternelle et sociale entre les peuples de la terre.

Sur ce chemin, il me semble qu’un chrétien n’a pas besoin d’être triomphant pour exister pleinement. A l’image du Christ qui donne tout sans bruit, c’est l’image du levain dans la pâte qui doit nous rassurer : un enfouissement dans l’apparence banale de l’existence quotidienne, mais qui produit un bon fruit. Ce qui n’exclut nullement de rêver et de voir grand. Au contraire ! Les âmes les plus humbles de l’histoire font toujours preuve d’une immense profondeur, de grands désirs et d’inventivité.

La joie du Christ reconnu comme Dieu et sauveur les accompagne et leur redonne confiance et courage, au sein même des découragements de ce temps… Celui qui rencontre le Christ réalise avec reconnaissance que ses aspirations, ses désirs, ses rêves profonds sont rendus possibles. L’amour, c’est du concret, mais ça n’a pas besoin de trompettes. Si ça se voit, c’est un beau signe, mais aimer véritablement dans le secret de sa conscience et de son cœur aide le monde à grandir.

Quand je doute de cela – parce qu’une partie de moi croit encore en la toute-puissance (peut-être devrais-je réserver ces idées aux romans et aux fictions ?) – je me souviens de Thérèse de Lisieux qui voulait faire connaître et aimer le bon Dieu au monde entier, et qui a passé sa vie de religieuse au Carmel. Et pourtant, quelle fécondité que cette courte vie de 24 ans ! Il faut lire « Histoire d’une âme » avec un cœur d’enfant…

Quoi qu’il se passe à présent, tout en essayant de rester présent à la Présence, j’ose te souhaite une belle année 2022, avec ta famille, tes proches, celles et ceux qui ont de l’importance à tes yeux.

Je nous souhaite à tous d’ouvrir les yeux pour construire là où nous sommes, autant que nous le pouvons, un monde d’espérance, de sollicitude, de soin, particulièrement auprès des plus petits.

MV


Recevez !

Dieu nous donne chaque jour la beauté de la création à contempler, cette beauté dont on a tant besoin pour vivre ! Quand on accepte de recevoir le monde comme un merveilleux cadeau, on redevient naturellement comme un tout petit enfant. J’aime ce mot de Christian Bobin : “l’esprit d’enfance est toujours neuf, n’entasse rien ; il repart toujours au début du monde, aux premiers pas de l’amour. Il voit à la mesure de son espérance”. Cet esprit d’enfance, c’est le cœur de l’Évangile !

Quand bien même « nous serions devenus de pauvres adultes au regard dur, incapables de nous émerveiller, ce serait le moment de nous reprendre et de comprendre enfin que Dieu seul peut embellir notre vie et plus encore la réchauffer, si elle avait pris froid à force de vivre dans un monde sans horizon d’éternité. » (MMZS). Alors… Quelque chose de beau et de bon pourrait advenir chaque jour dans le monde ! Quelque chose qui ravirait les esprits, qui embraserait les cœurs, qui laisserait entrevoir à tous la saveur, la douceur, la présence à la fois très humble et si puissante, si réconfortante de Celui qui donne tout en surabondance, dans la mesure où l’on cesse de vouloir être le créateur de soi, pour puiser à la Source intarissable, gratuite et qui rend libre…

Telle est ma lecture de l’Évangile, qui n’est pas un message d’amour comme tant d’autres. Je peux le recevoir comme le bon chemin de vie tracé par le Cœur de Dieu qui a visité son peuple. Jésus vient nous communiquer la joie d’exister, au point qu’on ne peut plus rien comprendre à la vie et à l’amour en dehors de Lui. Simplement parce qu’il nous fait entrer dans la voie du don, qu’il a vécue pleinement, et qu’il nous invite à l’expérimenter : « Venez et voyez ! ». Voilà « la philosophie du Christ qui ne nous demande pas de Le croire sur parole, mais d’oser essayer », nous dit Denis Marquet.

Mais je vois bien que la plupart de nos contemporains ne savent pas ou ne voient pas en quoi l’Évangile pourrait les concerner et changer leur rapport à la vie, tel cet ami qui m’a dit un jour « c’est beau de croire, mais comment faire confiance aujourd’hui ? ». Il est vrai que trop peu témoignent de sa beauté et de sa lumière, encore moins sur les ondes… Comment sera-t-il correctement entendu dans le brouhaha médiatique et l’agression quasi-permanente d’une société techno-marchande qui constitue certainement aujourd’hui le plus grand danger pour l’humanité ?

Peut-être aussi que beaucoup espèrent tout simplement que celles et ceux qui se réclament de cet Évangile expriment par des actes bons, des paroles audibles et une attitude fidèle, en quoi cette bonne nouvelle fait corps avec « la belle parole de la vie » qui parle déjà en eux. J’ai en mémoire cet extrait de Georges Bernanos dans « Les grands cimetières sous la lune » : « pour nous qui n’attendons de vous que le partage d’un don que vous proclamez ineffable, il n’importe pas de savoir si Dieu s’est remis entre vos mains, mais ce que vous en faites… ».

Je crois qu’il faut faire parler encore plus l’Évangile comme force de libération ! Par plus de partage, d’encouragement, de soutien et de consolation : autant de gestes à apprendre de Jésus pour rendre concrète sa présence auprès de ceux qui n’ont pas/plus grand chose ou qui désespèrent dans ce monde déboussolé. « Je t’ai donné un cœur pour aimer : qu’en as-tu fait ? » nous dira un jour le Seigneur de la vie.

Ce n’est pas la technique qui sauve l’homme, encore moins l’argent. Tout au plus peuvent-ils soulager momentanément ses misères, mais jamais, jamais, ils ne combleront le cœur d’un être fait pour contempler l’infini de Dieu ! Un être créé par amour, pour aimer, et qui ne choisit pas toujours le meilleur chemin, cherchant le plus souvent dans le fini l’infini qui lui manque. Tous les maux de l’humanité sont bien le fruit de la démesure de l’homme, de sa soif toujours insatisfaite d’avoir encore et encore plus pour combler ce vide existentiel. On peut comprendre qu’à force, c’est terriblement épuisant pour l’homme, mais cela a pris des proportions telles que désormais, les conséquences de nos modes de vie désordonnés provoquent des ravages planétaires, impactant durablement les conditions d’existence et la santé de toute créature. L’exemple de ces dizaines de millions d’hectares de terre qui ont brûlé en 2019 devrait nous inviter à faire au plus vite « grâce » à la Terre et à vivre plus simplement et en réelle fraternité.

Ce monde qui se construit autour de nous n’est pas l’œuvre de Dieu, qui a créé toutes choses bonnes ! « Ce monde actuel dans lequel nous vivons, ne nous offre qu’un bonheur fait d’argent, de bien-être, de prétendu plaisir, de confort, mais tout ça, même si on le possède, ça ne va pas très loin, ça ne comble pas ! » (MMZS). Comment ne pas ressentir ce manque criant de « sens » dans cette construction qui enferme et génère de toute part de l’anxiété et finalement de la colère ? Oui, il y a une violence faite aux hommes et aux institutions quand un système bien installé pour satisfaire une minorité cynique et arrogante a pour conséquence de limiter les droits les plus fondamentaux d’un nombre immense, combattant de manière dissimulée mais sans scrupules l’idée même de justice sociale, principe et finalité de la vie en commun.

Si la pauvreté perdure et s’aggrave dans tous les pays, sans exception, c’est pour deux raisons qui s’auto-entretiennent : l’égoïsme quasi instinctif favorisé par un système basé sur la concurrence et le profit immédiat, et le maintien de structures opposées à la juste répartition des biens pour tous. La richesse globale du monde a terriblement augmenté sans que le sort des plus pauvres en soit sensiblement amélioré. Jusqu’où cette folie ira-t-elle ? Jusqu’où accepterons-nous cela sans nous révolter profondément ?

S’attaquer aux puissances aliénantes du monde, et aux intérêts démesurés de ceux qui règlent la production, la circulation et la distribution des biens au détriment de toutes justice et fraternité, est normalement le rôle dévolu aux pouvoirs politiques à l’œuvre dans chaque pays. Sauf que, depuis les années 90, ils ont progressivement capitulé et se sont asservis à la machine ultralibérale et aux milieux de l’hyper-finance, détruisant jour après jour la confiance des humbles gens…

Alors comment imaginer une riposte efficace ? Signer des dizaines de bonnes pétitions chaque année, avec de temps en temps, quelques beaux résultats… bien sûr ! Mais globalement, la marche du monde semble échapper de plus en plus à tout contrôle démocratique, comme l’avait prédit Tocqueville en son temps. La question cruciale est désormais celle de la résilience de la vie humaine dans un monde pollué, climatiquement déréglé, et mal défendu par ses élites gouvernantes… Alors, que faire… ?

Je crois que le Seigneur nous a donné un cœur, mais aussi une intelligence pour comprendre, et la volonté pour délier les situations d’injustice et de détresse. A la base, chacun possède un pouvoir immense et tout simple : celui de refuser de donner au puissant ce qu’il attend ! Par exemple : boycotter ! Je peux devenir libre de faire autrement que de répondre servilement aux injonctions et aux incitations continuelles de la marchandisation planétaire organisée et à mes pulsions hyper-stimulées par la publicité.

Après cela – et c’est déjà bien quand on essaie ! –, oser s’engager… Par exemple en faveur des circuits alimentaires éthiques et écologiques pour défendre l’agriculture paysanne – en commençant par celle de notre pays qui souffre tant –  ou en donnant leur chance aux petits placements solidaires (il y en a plein qui aident l’emploi, le logement, sans passer par les banques classiques), etc… Ou encore, pour ceux qui en ont le temps et la possibilité : s’investir sur le terrain politique, toujours pour faire progresser le bien commun, et impulser peu à peu le renouveau dont nos nations ont besoin pour se relever…

Mais avant toute chose, pour devenir ce que nous sommes vraiment, il suffit seulement d’oser recevoir sa vie, de prier avec confiance, de ne pas faire obstacle à Dieu en se posant sans cesse en position d’origine. Accepter de dépendre, tout en devenant plus libre ! C’est déjà la joie du Ciel, et cela devrait se lire sur des multitudes de visages…

Car Dieu fait une promesse merveilleuse à ceux qui le reçoivent et lui répondent. L’éternité en Dieu sera le bonheur inouï d’un commencement sans fin, toujours renouvelé : quelque chose d’inconcevablement exaltant, dont nous ne pouvons ici-bas qu’avoir un léger pressentiment. A travers nos limites humaines, la foi chrétienne ouvre des fenêtres sur l’infini annoncé, comme se plaisait à l’imaginer Hans Urs von Baltasar : “pour celui qui reçoit la possibilité d’entrer dans cette vie de Dieu, tout se passe comme si s’ouvraient pour lui, lui coupant le souffle, des espaces à perte de vue. Des espaces dans lesquels on peut se précipiter dans la liberté la plus parfaite. Et ces espaces sont eux-mêmes des libertés qui attirent notre amour, l’accueillent, lui répondent…”.

Devant une telle perspective, invoquons l’Esprit Saint, sans cesse à l’œuvre le monde malgré ses fautes et ses drames, car rien n’épuise l’infinie Miséricorde divine. Nous, chrétiens, sommes les témoins d’une espérance qui nous dépasse sans cesse ! Le Seigneur nous précède toujours et nous envoie, chacun à sa mesure, porter à travers nous son regard de tendresse et de bonté, en commençant par ceux qui en ont le plus besoin. C’est l’amour seul qui relève et qui sauve…

Notre espérance est qu’il y a toujours de la place pour Dieu dans le cœur de l’homme, comme il y a de la place pour tous les hommes dans le cœur de Dieu ! La vraie joie, c’est Dieu qui la donne. Tout vient de Lui, tout est à recevoir, tout est à donner…

Bonne Année 2020,

MV


Vis, aime, rêve et crois !

Pense là où Dieu t’a semé, et espère, espère toujours !

Ne capitule pas devant la nuit : souviens-toi que le premier ennemi à soumettre n’est pas en dehors de toi : il est à l’intérieur. C’est pourquoi, ne laisse pas de place aux pensées amères, obscures. Ce monde est le premier miracle que Dieu ait fait, et Dieu a mis entre nos mains la grâce de nouveaux prodiges. Foi et espérance vont de pair. Crois à l’existence des vérités les plus élevées et les plus belles. Aie confiance en Dieu Créateur, dans l’Esprit Saint qui conduit toute chose vers le bien, dans l’étreinte du Christ qui attend tous les hommes à la fin de leur existence ; crois, il t’attend. Le monde avance grâce au regard de tous les hommes qui ont ouvert des brèches, qui ont construit des ponts, qui ont rêvé et cru ; même lorsqu’autour d’eux ils entendaient des paroles de dérision.

Ne pense jamais que la lutte qui conduit là-haut soit totalement inutile. À la fin de l’existence, ce n’est pas le naufrage qui nous attend : en nous palpite une semence d’absolu. Dieu ne déçoit pas : s’il a mis une espérance dans nos cœurs, il ne veut pas l’étouffer par des frustrations continuelles. Tout naît pour fleurir dans un printemps éternel. Dieu aussi nous a faits pour fleurir. Je me souviens de ce dialogue, lorsque le chêne a demandé à l’amandier : « Parle-moi de Dieu ». Alors l’amandier a fleuri.

Partout où tu es, construis ! Si tu es par terre, lève-toi ! Ne reste jamais tombé par terre, lève-toi, laisse-toi aider pour te mettre debout. Si tu es assis, mets-toi en chemin ! Si l’ennuie te paralyse, chasse-le par des œuvres bonnes ! Si tu te sens vide ou démoralisé, demande que l’Esprit-Saint puisse à nouveau remplir ton néant.

Fais la paix au milieu des hommes, et n’écoute pas la voix de celui qui répand la haine et les divisions. N’écoute pas ces voix ! Les êtres humains, tout en étant différents les uns des autres, ont été créés pour vivre ensemble. Dans les conflits, patiente : un jour tu découvrira que chacun est dépositaire d’un fragment de vérité.

Aime les personnes. Aime-les une par une. Respecte le chemin de chacun, qu’il soit linéaire ou tourmenté, parce que chacun a son histoire à raconter. Chacun de nous a aussi sa propre histoire à raconter. Tout enfant qui naît est la promesse d’une vie qui, une fois encore, se montre plus forte que la mort. Tout amour qui jaillit est une puissance de transformation qui aspire au bonheur.

Jésus nous a remis une lumière qui brille dans les ténèbres : défends-la, protège-la. Cette unique lumière est la plus grande richesse confiée à ta vie.

Et surtout, rêve ! N’aie pas peur de rêver. Rêve ! Rêve un monde qui ne se voit pas encore mais qui arrivera certainement. L’espérance nous pousse à croire à l’existence d’une création qui s’étend jusqu’à son accomplissement définitif, quand Dieu sera tout en tous. Les hommes capables d’imagination ont offert à l’homme des découvertes scientifiques et technologiques. Ils ont sillonné les océans, ils ont foulé des terres sur lesquelles personne n’avait jamais marché. Les hommes qui ont cultivé des espérances sont aussi ceux qui ont vaincu l’esclavage et apporté de meilleures conditions de vie sur cette terre. Pensez à ces hommes.

Sois responsable de ce monde et de la vie de tous les hommes. Pense que chaque injustice contre un pauvre est une blessure ouverte et diminue ta propre dignité. La vie ne s’arrête pas avec ton existence et, dans ce monde, viendront d’autres générations qui succèderont à la nôtre et beaucoup d’autres encore. Et chaque jour, demande à Dieu le don du courage. Souviens-toi que Jésus a vaincu pour nous la peur. Il a vaincu la peur ! Notre ennemie la plus sournoise ne peut rien contre la foi. Et quand tu te trouveras effrayé par des difficultés de la vie, souviens-toi que tu ne vis pas pour toi-même. Dans le baptême, ta vie a déjà été immergée dans le mystère de la Trinité et tu appartiens à Jésus. Et si, un jour, tu étais pris par la peur, ou si tu pensais que le mal est trop grand pour être défié, pense simplement que Jésus vit en toi. Et c’est lui qui, à travers toi, veut par sa douceur soumettre tous les ennemis de l’homme : le péché, la haine, le crime, la violence : tous nos ennemis.

Aie toujours le courage de la vérité, mais souviens-toi : tu n’es supérieur à personne. Souviens-toi de cela : tu n’es supérieur à personne. Si tu étais même le dernier à croire en la vérité, ne te réfugie pas pour autant loin de la compagnie des hommes. Même si tu vivais dans le silence d’un ermitage, porte dans ton cœur les souffrances de toutes les créatures. Tu es chrétien ; et dans la prière, remets tout à Dieu.

Et cultive des idéaux. Vis pour quelque chose qui dépasse l’homme. Et si un jour ces idéaux devaient te demande de payer une note salée, ne cesse jamais de les porter dans ton cœur. La fidélité obtient tout.

Si tu te trompes, relève-toi : rien n’est plus humain que de commettre des erreurs. Et ces mêmes erreurs ne doivent pas devenir pour toi une prison. Ne sois pas enfermé dans tes erreurs. Le Fils de Dieu est venu non pas pour les bien-portants mais pour les malades : par conséquent il est venu aussi pour toi. Et si tu fais encore des erreurs à l’avenir, ne crains pas, relève-toi ! Sais-tu pourquoi ? Parce que Dieu est ton ami.

Si l’amertume te frappe, crois fermement en toutes les personnes qui agissent encore pour le bien : dans leur humilité, il y a la semence d’un monde nouveau. Fréquente les personnes qui ont gardé leur cœur comme celui d’un enfant. Apprends de la merveille, cultive l’étonnement.

Vis, aime, rêve et crois. Et, avec la grâce de Dieu, ne désespère jamais.

pape François aux jeunes du monde entier


Plus souples dans un monde trop raide

Les êtres que nous sommes ont besoin de ressentir un vrai contact humain fort. Tout ce que nous vivons, finalement, n’a de réelle beauté et ne trouve son sens profond que si nous rencontrons sur notre route des personnes avec qui le partager et se laisser rejoindre. « Des coeurs qui comprennent », comme se plaisait à le dire Marie-Dominique Molinié. Il y a « tant de mains pour transformer le monde, et si peu de regards pour le contempler ! » disait Julien Gracq, incluant certainement les personnes humaines, et particulièrement, je pense, celles laissées en périphérie par la société à grande vitesse. Et pour nous faire oublier l’injustice de ce monde, on nous propose sans cesse des plaisirs et des distractions, qui nous font aussi oublier l’Ami divin, le grand consolateur. Certes, trop de souffrances et de manques d’amour cachent en ce monde, et pour beaucoup, le visage de Dieu. Alors, n’est-ce pas d’abord aux chrétiens de prier avec les mots de Saint-François d’Assise : « que je sois si bienveillant et si joyeux que tous ceux qui m’approchent sentent Ta présence. Revêts-moi de Ta beauté, Seigneur, et qu’au long de ce jour, je Te révèle » ?

Michel-Marie Zanotti-Sorkine disait récemment qu’« il faut descendre profondément dans le cœur de l’homme et lui donner l’indulgence de Dieu ». Oui, l‘essentiel est de pouvoir faire l’expérience de l’amour de Dieu au moins une fois dans sa vie ! Et cela change tout, à l’image de Charles de Foucaud qui écrivait en 1898, suite à sa bouleversante « rencontre » avec ce Dieu tant combattu par lui : « ayez au fond de l’âme gravé profondément ce principe d’où tout découle : que tous les hommes sont vraiment, véritablement, frères en Dieu, leur Père commun ; et qu’il veut qu’ils se regardent, s’aiment, se traitent en tout comme des frères les plus tendres ».

Alors, pour commencer l’année, j’aimerais te conseiller la lecture d’un livre (1) qui fait du bien. Un voyage initiatique aussi dense qu’imprévisible, des paroles pleines de bons sens et de sagesse, et qui touchent au plus profond de nous-mêmes. Extraits : « allez plus haut chercher l’eau vive ! Car vous crevez d’envie d’aimer d’un amour qui ne finirait jamais, et vous souffrez comme un désespéré quand vous voyez que vos amours ont été emportées comme les feuilles d’automne qui volent sous le vent… Mais bon sang, faites-Lui confiance !». « On donne pour donner, comme on aime pour aimer : le retour ne nous regarde pas ».

Sur ce chemin, je te souhaite une belle et heureuse année !

M.V., le 20 janvier 2018

(1) Le passeur de Dieu, Michel-Marie Zanotti-Sorkine, Edition Robert Laffont, 2014.


Pour un futur du politique

A l’heure où la France cherche un nouvel élan politique pour son avenir, j’ai désiré commencer ce début d’année par une réflexion sur le sens du « vivre ensemble dans le monde actuel ».

D’abord, il me semble que nous désirons toujours que les choses aillent mieux. Dans nos vies personnelles, comme dans la société. Pour autant, si nous sommes réellement portés à désirer le bien, a-t-on toujours la volonté de tout mettre en œuvre pour le voir se réaliser ? Telle peut être la question, qui a un sens éminemment politique lorsqu’il s’agit du bien commun d’un peuple.

Je crois que pour réaliser cette aspiration à un « mieux-être », il faudrait (re)définir le sens de l’activité économique et de la vie en société. Une majorité de nos concitoyens sont bien conscients que la question du sens a peu à peu déserté le débat politique. Au point que nombre de ses acteurs, au-delà même d’ambitions personnelles parfois légitimes, se complaisent au final aisément dans des manœuvres et calculs électoraux, des paroles non tenues, des comportements partisans et démagogiques… mais surtout manifestent l’absence de vision à long terme de notre société, mis à part cette inlassable répétition du couplet sur le progrès, la technique, les nouvelles technologies, les grands projets… Mais pour qui ? Pour quoi ?

Cette fuite en avant et ces attitudes sont devenues insupportables à l’heure où un nombre croissant de personnes a le sentiment de vivre dans une société de plus en plus injuste. Faut-il rappeler que la France compte désormais dix millions de pauvres ? Oui, il le faut ; mais cette ampleur ne m’a pas semblé prioritaire dans les récents débats pour la présidentielle. Cynique indifférence ou désolante incapacité à changer quoi que ce soit ?

– Ф –

« Le sens de la politique est de contribuer à l’édification d’une société plus juste et plus humaine, d’une société accueillante et fraternelle. Être au milieu des gens ne signifie pas seulement être ouverts et rencontrer les autres mais aussi se laisser rencontrer, appeler, toucher, interpeller, pour pouvoir participer à tout ce que les autres peuvent donner. L’expérience nous dit qu’habituellement, nous recevons des autres plus que nous ne nous donnons. Il y a une richesse humaine authentique tissée d’innombrables histoires de solidarité, d’aide, de soutien. La vie concrète est possible parce qu’elle n’est pas la somme de nombreux d’individus, mais l’articulation de nombreuses personnes qui concourent à la construction du bien commun. Être ensemble nous aide à voir l’ensemble, et notre regard est enrichi.

Mais quand le peuple est séparé de qui commande, quand on fait des choix en vertu du pouvoir et non du partage, quand qui commande est plus important que le peuple et que les décisions sont prises par un petit nombre, ou sont anonymes, ou sont toujours dictées par des urgences (vraies ou présumées), alors l’harmonie sociale est en danger avec de graves conséquences pour les gens : l’argent commande, la pauvreté augmente, la paix est en danger et les gens vont mal » (Pape François)

– Ф –

Si j’étais aux commandes de mon pays, je limiterais d’abord tous les engagements en politique à dix ans au plus, en deux mandats maximum. Personne n’est indispensable, et l’on peut servir son pays et les gens autrement et de bien des manières, quand on a vraiment le goût et la vocation du service du bien commun. L’homme étant faible, on éviterait ainsi les tentations liées à l’attachement excessif au pouvoir et à toutes ses dérives.
J’instaurerais immédiatement un ministère commun agriculture-santé, dirigé par des personnes compétentes et libres de toute attache avec certains milieux nuisibles de l’industrie et de la finance. Trop de gens sont malades dans notre pays, et les politiques de prévention ne sont pas à la hauteur des enjeux.
Je m’attaquerais dans la foulée à la sauvegarde de notre agriculture qui se meurt, victime de l’hyper-productivisme et d’une compétition débridée (135000 agriculteurs et éleveurs ont mis la clé sous la porte en 2016 : du jamais vu !). Parce qu’il faut sauver ces pauvres gens qui nous nourrissent et n’arrivent même plus à survivre, alors que ce sont ceux qui travaillent le plus ! Lisez et faites lire ce terrible appel montrant « la détresse des travailleurs de la terre, qui ne quémandent pas de droits sociaux, qui ne cassent pas les vitrines des commerces, et qui pourtant sont délaissés par les élites, les énarques. Les paysans nous nourrissent en travaillant énormément, connaissent la concurrence la plus déloyale qui puisse être, subissent de plein fouet une mondialisation destructrice, sans protection de la part des gouvernements successifs et des instances européennes ».

Je crois que l’on ne peut qu’être profondément européen, parce que c’est le sens de l’Histoire. Mais tout de même, cette “construction européenne” issue des derniers traités, souvent imposés plus que négociés, qu’est-elle devenue ? Nombre de nos concitoyens la perçoivent de plus en plus comme « l’engin d’arasement des dernières protections économiques et sociales », au profit des multinationales et des « grandes entreprises qui, déjà enrichissent leurs actionnaires aux dépens de leurs salariés, mais en plus optimisent leurs bénéfices par l’évasion fiscale, la corruption et la connivence qui faussent les marchés aux dépens des citoyens ordinaires » (rapport d’Oxfam).

– Ф –

Le journaliste Patrice de Plunkett écrivait récemment sur son blog : « pour vivre ensemble, les êtres humains ont besoin de s’accorder sur le sens de la vie. Comme tout aujourd’hui est subordonné à l’économique, la vague ultralibérale, devenue totalitaire, dicte les formes de la vie en pulvérisant les structures sociales pour qu’il n’y ait plus “que l’individu et le marché” selon le mot de Mme Thatcher. La soumission maximale alléguée aux désirs du consommateur, est en train de se substituer au lien social. Dans ces conditions, les problèmes de société deviennent insolubles ».
D’où l’inévitable question : devra-t-on continuer ainsi pendant encore longtemps ? Comment s’en sortir ?

– Ф –

Entre la liberté et la fraternité, deux faces d’une même pièce, il ne faudrait pas avoir à choisir. Chacune guide l’autre, et chacune doit mettre des limites à l’autre, pour le bien de tous. Il me semble que ces deux devises de notre république éclairent particulièrement bien les enjeux actuels de notre pays et de notre monde.

La liberté ne consiste pas à faire tout et n’importe quoi dans ce monde, simplement parce la technique ou la finance le permet. Sinon les hommes en souffrent, la Terre aussi, durablement ! Il est urgent de (re)découvrir des modèles de vie nécessairement plus sobres, où la coopération l’emportera sur la compétition acharnée (le darwinisme social est une immense ânerie, car la nature ne fonctionne pas ainsi. J’y reviendrai prochainement sur ce site).

La liberté doit être mise au service du vrai bien commun, qui n’exclut aucun peuple de la Terre, aucun être en particulier ̶ seul remède à la démesure de la finance égoïste et aveugle ̶  ce qui permettra enfin la restauration d’une économie au service des personnes.

Enfin, « pour résoudre les problèmes des gens, il faut partir d’en bas, avoir du courage, écouter les laissés-pour-compte, les personnes en situation de précarité, sans oublier celles qui ont fui leur pays à cause de la guerre, de la misère, de la violence » (Pape François)
« Le plus important est de reconstruire un tissu social local, solide et vivant, afin d’instaurer progressivement un climat de confiance, c’est à dire en fin de compte un “capital social”, ces aptitudes à vivre ensemble que notre société matérialiste et individualiste a méthodiquement et consciencieusement détricotées au cours des dernières décennies. Nous en sommes convaincus, ces compétences sociales sont notre seule vraie garantie de résilience en cas d’effondrement » (Pablo Servigne et Raphaël Stevens).

– Ф –

Pour terminer, il me revient à l’esprit cet avertissement de l’Abbé Pierre : « il dépend de ma liberté de construire un monde de partage et d’amour… Pour que le Dieu d’amour soit crédible, il faut que ceux qui croient en lui soient eux-mêmes témoins crédibles de son amour ». Or, il y a aujourd’hui manifestement deux écueils : vivre sur la défensive (avec un christianisme identitaire, replié sur sa culture, ses « valeurs ») ; et (re)devenir conquérant (en oubliant que seul l’amour a la capacité de changer un cœur, la force jamais).

Le Dieu auquel je crois agit d’abord dans le secret des cœurs. Apportons donc tout simplement autour de nous, chaque jour, ce surcroît de vie reçu à Son contact ! Le “spirituel” s’incarne, sinon il n’est pas chrétien. En politique comme ailleurs ! La foi chrétienne n’est véritable que si elle agit au service du prochain, en essayant de devenir peu à peu transparente de la grâce du Christ ! Le reste a peu d’importance…

Sur ce chemin, je souhaite une bonne année à tous, et à notre pays.

M.V., le 31 janvier 2017


Rendre visible l’Invisible

Il existe des chemins pour préserver l’Espérance…

Il existe un chemin de confiance pour aller plus loin,
il existe un chemin de repos pour nos corps fatigués, pour nos âmes éprouvées,
il existe un chemin de réconciliation pour être relevé

Il existe des chemins de vie exaltants,
il existe aussi des chemins de vie froissés, tordus, abîmés

Il existe un chemin pour révéler les trésors de ton coeur,
il en existe un autre pour apprendre à voir celui des autres,
il existe un chemin pour pleurer avec celui qui pleure,
et un autre pour se réjouir avec celui qui est dans la joie

Il existe un chemin pour contempler ce qui est beau autour de nous,
il existe un chemin pour voir dans la nature, le cosmos, la vie, une merveille,
il existe un chemin pour protéger la Création,
l’âme de l’écologie, c’est l’émerveillement

Il existe un chemin de vie plus sobre pour saisir l’essentiel,
pour fuir la saturation et l’anesthésie dues au gavage,
combattre l’inertie et le désengagement,
il existe un chemin pour ne plus abîmer, ne plus gaspiller, apprécier ce qu’on a,
il existe un chemin de jeûne pour soigner le corps et ouvrir l’esprit

Il existe de nombreux chemins qui détournent du bien,
toi et moi les avons plus ou moins empruntés,
des chemins qui emprisonnent la volonté, la joie, l’espoir,
des chemins d’esclavage,
des chemins qui usent notre humanité,
des chemins de violence, fruit des injustices accumulées, des manques d’amour,
des chemins de refus et d’indifférence qui menacent la paix globale,
des chemins de destruction et de mort.

Il existe un chemin de lucidité pour voir le monde tel qu’il est devenu,
un terrain d’exploitation, un casino, un monopoly,
destructuré en profondeur par l’alliance des idéologies de la technoscience
et d’un turbo-capitalisme planétaire et arrogant
Il existe un chemin pour dénoncer les scandales, la corruption, la destruction,
qui transforment la Terre en “un jardin vide pour le plaisir de quelques uns”,
culte des idoles et de la toute puissance, folle quête du vide qui ne rassasie pas !

Il existe un chemin pour remettre l’argent à sa place,
remettre le profit au service du bien commun,
un chemin de solidarité au-delà des nos propres intérêts

Il existe un chemin pour soigner les immenses blessures des humains,
les soulager avec l’huile de la consolation,
les panser avec le baume de la miséricorde

Il existe un chemin d’estime de soi,
un chemin pour libérer la parole…
un chemin pour dépasser le passé,
il existe un chemin de guérison profonde,
pour moins se raidir, et plus s’assouplir,
pour devenir “moins dur avec le pécheur, et moins mou avec le péché“.
Laisse Jésus pacifier ton coeur et lui ouvrir un nouveau chemin de liberté intérieure,
cesse de te raidir, de t’endurcir,
il y a assez de forces dans ce monde qui n’ont pas de pité,
aime-toi enfin !

Il existe un chemin pour accepter nos fragilités,
et un autre pour les offrir,
il existe un chemin pour aider ton frère à porter sa croix,
et un autre pour ne pas surcharger celle des autres

Il existe un chemin où le Créateur s’est fait « fils de sa propre création »,
pour la transfigurer de l’intérieur,
un chemin où le Tout-puissant, le Miséricordieux, s’est abaissé pour nous relever,
telle est la Miséricorde, le cœur de Dieu !

Il existe un chemin d’unité pour marcher ensemble en frères,
un chemin de compassion qui jaillit de la fraternité !
Avec Toi, Père, Fils, Esprit,
au coeur de Ton Coeur,
Dieu d’alliance, de tendresse et de consolation,
dans ce coeur à Coeur,
celui qui aime Te connaît !

Il existe un chemin que Dieu nous propose de suivre : son Fils Jésus !
ce chemin, c’est une Personne qui t’aime,
chacun est invité à le prendre,
personne n’y est contraint,
mais la Vie jaillit de son Coeur en abondance : elle donne la vraie liberté

Il existe un chemin pour cultiver un sens fort de la justice,
et un autre pour vivre la miséricorde,
ces deux chemins ne s’opposent pas

Il existe un chemin de fraternité pour tous les pauvres de la Terre,
les réfugiés, les migrants, ceux qui on tout quitté, ceux qui ont tout perdu,
il existe un chemin pour vaincre l’indifférence et conquérir la paix.
Il existe un chemin pour se laisser toucher par les petits de ce monde,
il existe un chemin pour sortir de nous-mêmes, nous désemcombrer du poids de notre vide,
il existe un chemin pour entendre les cris de douleurs,
pour être compatissant et bienveillant

Il existe un chemin pour passer de l’indifférence à la miséricorde :
en puisant chaque jour un peu d’eau, pour féconder les déserts de nos vies,
en trouvant la Source de toujours, l’eau vive pour la suite des jours

Dieu n’est pas indifférent, Dieu accorde de l’importance à l’humanité, Dieu ne l’abandonne pas !
il existe un chemin pour faire silence,
il existe un chemin pour Le trouver, pour L’écouter, pour Le recevoir, pour Le donner
à celui qui est assoiffé, à celui qui a faim,
à celui qui est malade, à celui qui est seul,
à celui qui est sans travail, à celui qui est nu,
à celui qui subit l’injustice, à celui qui est persécuté,
à celui qui a fui la guerre, à celui qui a quitté sa terre,
à celui qui tout simplement mendie de l’amour !

Chrétien, par ton baptême,
tu as reçu la mission de rester près de Jésus,
de communiquer un peu de sa bonté, de sa tendresse et de sa patience.
Accompagne tes frères dans leur voyage à travers la vie,
garde ta relation profonde au Christ : c’est Lui qui libère !

Oh immense et si aimable Miséricorde qui porte mes misères,
Tu creuses patiemment en moi des chemins de réconciliation, de tendresse et de gratitude,
Tu me cherches sans te lasser, je ne trouverai pas la paix avant de T’avoir connue !
Que mon coeur qui se sait aimé à ce point
puisse à son tour devenir miséricordieux envers les autres,
car je comprends que sans Toi qui me restaures et me sauves en profondeur,
je pourrais descendre très bas…

Il existe un chemin pour que des aveugles ne guident plus les aveugles,
pour que la politique redevienne service des autres et du bien commun.
Il existe un chemin pour que la France soit relevée,
il existe un chemin pour demain,
quand il faudra tout reconstruire,
renouer avec la Sagesse oubliée

Il existe un chemin de victoire sur le mal par l’Amour,
il existe un chemin d’amour et de beauté qui peut tout sauver !
Mais l’homme agit encore comme Jacob contre l’ange de Dieu,
il lui faudra céder un jour,
et laisser enfin Dieu éliminer en lui les causes de ses drames existentiels et spirituels.
Alors l’homme sera sauvé par la beauté transfigurée par l’Amour !

Il y a tant de chemins pour rendre visible l’Invisible,
il suffit d’en parcourir quelques uns,
commencer à aimer : « un chemin tout simple », disait Mère Térésa

Il existe mille manières de te souhaiter une bonne année,
mais c’est celle-là que j’ai choisie,

M.V.


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