Quatre poèmes de Danielle Marsault

 

FIERTE DE PIERRE

Au soleil qui me ceint dès l’aurore
D’un bandeau de vermeil,
Je ne fais point allégeance,
Et lorsqu’au crépuscule, à ma face, il s’endort,
Je vole à son brasier l’éclat de mes parures,
Attendant que sa rivale
Me couronne d’opale au secret de la nuit.

Quand la mer en fusion,
S’épanchant de ses rives
Téméraire défie
Mes pierreuses blondeurs,
Je regarde amusée sa fureur s’enhardir
Et son flux se briser dans l’or des fougères
Et le vert des sapins,
Pour fleurir et ourler ma simarre
D’hermine ébouriffée et de guipure en pleurs.

VISIONNAIRE

Si ma colline aride éloigne les oiseaux
Vers des roseaux berçant une aimable rivière,
Je peindrai un étang resplendissant d’émaux,
Ceint de la tiare d’or d’une chênaie altière.

Je voudrais estomper, habile magicien
L’implacable destin, la flétrissure amère,
Et couronner de los aux accents parnassiens
L’asphodèle offensé en sa grâce éphémère.

Et survolant les ponts lancés vers l’inconnu,
D’un élan exalté de l’esprit visionnaire,
Entrevoir un chemin ouvert sur l’absolu,
Dans une illumination aveuglante et stellaire.

OSTENSOIRS

Mystères et chants
Des secrètes montagnes,
Appoggiatures des ruisseaux !
Chaos des rochers diaprès de soleil
Et violets au couchant,
Vous êtes ostensoirs
De Lumière
De PRESENCE !

ECHOS DES MONTAGNES

Le soleil en été les drape dans ses ors !
Le torrent murmureur et la cascade immense,
Fondant leurs partitions, exhument de l’enfance
Allanguie sous la pierre, un à un, les trésors.

Ca et là, en un choeur frémissant et splendide,
Le papillon diapré, le bourdon, l’oiseau,
La couleuvre à l’abri sous les frêles roseaux
Enfièvrent de leurs chants l’accueillante chlamyde.

N’étaient, en contrepoint, les joyeux carillons
Célébrant au midi l’heure sérénissime,
Est-ce l’envol d’un aigle attiré vers les cimes
Qui rameute en nos coeurs de précieux aiguillons ?

Faut-il avoir laissé nos ruisseaux et nos plaines
Pour en revivre ici l’indolente tiédeur ?
Aux chemins audacieux, puisons force et ardeur
Pour transcender enfin nos pesanteurs humaines !

Des sommets, des lointains, vibrent des olifants
En l’honneur d’Hannibal, victorieux en Romagne
Après qu’il eut franchi des illustres montagnes
Les cols vertigineux avec ses éléphants.

Si le risque fascine une âme noble et fière,
Soucieuse de graver ses valeureux exploits,
C’est Dieu, au mont Sinaï qui révéla ses lois
Que Moïse, humblement, transcrivit sur la pierre.